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French Grimoire Published: Lyon, Héritiers de Beringos fratres, 1782. SECRETS AVERTISSEMENTQU’IL FAUT LIRE.VOici une nouvelle édition du livre des merveilleux secrets du Petit Albert, connu en Latin soius le titre de Alberti Parvi Lucii Libellus de mirabilibus naturæ arcanis: l’auteur, à qui on l’attribue, ayant été un de ces grands hommes, qui par le peuple ignirant ont été accusés de magie; (c’étoit autrefois le sort de tous les grands esprits qui possédoient quelque chose d’extraordinaire dans les sciences, de les traiter de magiciens.) C’est peut-être par cette raison que ce petit trésor est devenu si rare; parce que les superstitieux ont fait scrupule de s’en servir, il s’est presque comme perdu: car une personne distinguée dans le monde a eu la curiosité (à ce que l’un assure) d’en offrir plus de mille florins pour un seul exemplaire; encore ne l’a-t-on pu découvrir que depuis peu dans la bibliotheque d’un très-grand homme qui l’a bien voulu donner, pour ne plus priver le public d’un si riche trésor. On pourra s’en servir à présent à peu de frais, avec utilité & beaucoup de profit. Les curieux ne s’attacheront pas au langage vieux & peu poli de ce livre; on a mieux aimé le laisser comme on l’a trouvé, que d’y changer quelque chose, de peur d’en altérer le véritable sens. Au reste, on ne sera pas fâché que l’on ait ajouté à la fin de ce trésor, encore quelques secrets merveilleux, donnés par une personne d’une grande expérience; & comme il est parlé souvent dans ce recueil, de préparer quelques secrets aux heures des planetes, on trouvera à la fin de ce livre des tables qui marquent l’heure de la levée du soleil pour tous les jours de l’année, afin de ne se point tromper sur les heures que chaque planete gouverne: car il faut savoir qu’il faut compter la premiere heure depuis la levée de soleil, & non pas à minuit, comme quelques-uns ont prétendu par erreur. LE TRÉSOR? DES? MERVEILLEUX SECRETS LE véritable curieux, qui desire de profiter dans les secrets les plus rares & les plus cachés de la nature, doit, avec épanchement de c?ur, ouvrir les yeux de son entendement sur ce que je lui ai ramaffé avec beaucoup de soin & d’exactitude dans ce petit volume. Il peut bien être appellé un trésor universel, puisque dans sa petitesse il renferme des merveilles capables de faire plaisir à tout le genre humainLe noble comme le roturier; le négociant de ville comme le laboureur de la campagne; l’homme de guerre comme le pacifique; le damoiseau comme la jouvencelle; la femme grosse comme la pucelle, & sur-tout le bon conducteur de sa famille, prendront tous en gré ce que mes propres expériences ont éprouvé à leur avantage, & pour satisfaire leurs plus vives inclinations & leurs plus empressés desirs. Or, afin de garder quelque ordre méthodique dans ce mien ouvrage, & de le rendre plus utile & plus agréable à mes lecteurs, je distinguerai les matieres chacune séparément, de peur que le mêlange indiscret n’apporte une confusion embarrassante; je veux dire, que quand je traiterai, par exemple, des secrets de l’amour ou de la guerre, je proposerai tout de suite, & sans interruption, ce que je voudrai donner sur ces sujets: ou, si par une liaison naturelle, je traite ailleurs de quelques secrets qui conviennent à l’amour ou à la guerre, j’en avertirai mes lecteurs, en leur indiquant les endroits où ils pourront trouver ces secrets. Il est bon d’avertir pareillement mes lecteurs, que, tout surprenans que puissent paroître les secrets que je leur propose dans ce petit volume, ils n’excedent point les forces occultes de la nature; c’est-à-dire, de tous les êtres créés qui sont épars dans ce vaste univers, soit dans les cieux, dans les airs, sur la terre & dans les eaux. Car ainsi qu’il est écrit que le sage dominera les astres, par sa prudence, de même doit-on être persuadé que les astres par leurs aimables influences profiteront au sage qui sera instruit de leur ascendant. Or, il est besoin de savoir que par l’ascendant des astres on doit entendre leurs favorables dispositions entre elles; comme font leurs aspects ou regards, leurs entrées & demeure dans les signes célestes. Par le mot astres, on entend communément les planetes qui ont leur jour propre dans le cours de la semaine; le Soleil pour le dimanche, la Lune pour le lundi, Mars pour le mardi, Mercure pour le mercredi, Jupiter pour le jeudi, Vénus pour le vendredi, Saturne pour le samedi. Ceux qui n’ont point étudié dans les sciences sublimes de la philosophie & astronomie, pourront, ou consulter les astrologues, ou se servir d’un bon almanach quand ils voudront mettre en pratique quelque secret qui dépend des aspects ou conjonction des astres, afin que l’exactitude qu’ils apporteront dans l’opération qu’ils feront, rendre l’issue bonne, utile & favorable. Que l’on n’attribue point à magie ou diablerie, si dans quelques-uns des merveilleux secrets que je donnerai, on se sert de certains paroles ou figures; car elles ont leur vertu & efficacité indépendamment de la magie, & les anciens sages hébreux s’en sont servis avec beaucoup de religion. L’histoire & la chronique de France nous apprennent que Charlemagne reçut d’un pape un petit livre qui n’étoit composé que de figures & de paroles mystérieuses, dont ce prince se servit fort heureusement dans une infinité d’occasions, & ce petit livre a pour titre, enchiridium Leonis papæ. Les merveilles que ce petit livre a produites en faveur de ceux qui s’en sont servis, l’ont rendu recommandable en dépit de ceux qui l’ont voulu décrier comme superstitieux. Enfin j’avertis mes lecteurs qu’ils ne trouveront rien de commun & de trivial dans ce mien petit ouvrage; c’est comme un extrait & un élixir de ce que la nature perfectionnée & aidée de l’art, a de plus merveilleux dans ses vertus occultes; je ne me laisse point séduire à la vanité en les produisant comme de moi-même & de mon estoc: j’avoue ingénument que je les ai tirés des écrits des plus fameux philosophes qui ont pénétré avec une admirable application tout ce que la nature a de plus curieux & de plus caché; il est vrai que je ne les propose pas ici avec témérité, puisqu’il n’y en a presque pas un dont je n’aie eu le plaisir de faire l’expérience par moi-même. De l’amour réciproque de l’homme & de la femme.Comme il n’y a rien de plus naturel à l’homme d’aimer & de se faire aimer, je commencerai l’auverture de mon petit trésor par les secrets qui conduisent à cette fin; & sans m’amuser à invoquer Vénus & Cupidon, qui sont les deux divinités dominantes sur cette noble passion de l’homme, je dirai que dame nature, qui fait toutes choses pour l’homme, produit tous les jours grand nombre de créatures qui lui deviennent favorables dans le succès de ses amours. L’on trouve assez souvent au front du poulain de la cavale un morceau de chair, dont je donne ici la figure, qui est d’un merveilleux usage en fait d’amour: car si l’on peut avoir ce morceau de chair que les anciens ont appellé hippomanes, on le fera sécher dans un pot de terre neuf vernissé, dans un four, quand le pain en est tiré, & en le portant sur soi, & le faisant toucher à la personne dont on voudra être aimé, on réussira: si l’on peut avoir la commodité d’en faire avaler seulement la grosseur de deux pois dans quelque liqueur, confiture ou ragoût, l’effet sera encore infaillible; & comme le vendredi est le jour consacré à Vénus, qui préside aux mysteres d’amour, il sera bon de faire l’expérience ce jour-là. Voyez ce que dit le célebre Jean-Baptiste Porta, des surprenantes propriétés de l’hippomanes pour causer l’amour. Autre pour l’amour.Tirez de votre sang un vendredi du printems; mettez-le sécher au four dans un petit pot, comme est dit ci-dessus, avec les deux couillons d’un lievre & le foie d’une colombe: réduisez le tout en poudre fine, & en faites avaler à la personne sur qui vous aurez quelque dessein, environ la quantité d’une demi-drachme; & si l’effet ne suit pas à la premiere fois, réitérez jusqu’à trois fois, & vous serez aimé. Autre pour l’amour.Vivez chastement au moins cinq ou six jours, & le septieme, qui sera le vendredi, si faire se peut; mangez & bovez des alimens de nature chaude qui vous excitent à l’amour; & quand vous vous sentirez dans cet état, tachez d’avoir une conversation familiere avec l’objet de votre passion, & faites ensorte qu’elle vous puisse regarder fixement, vous & elle, seulement l’espace d’un ave Maria: car les rayons visuels se rencontrant mutuellement, seront de si puissans véhicules de l’amour, qu’ils pénétreront jusqu’au c?ur, & la plus grande fierté & la plus grande insensibilité ne pourront leur résister. Il est assez difficile de réduire une fille, qui a de la puder, à regarder fixement un jeune homme durant quelque espace de tems; mais on la pourra obliger à cela, en lui disant, en badinant, qu’on a appris un secret de deviner par les yeux, si l’on doit être bientôt marié, si l’on vivra long-tems, si l’on sera heureux dans son mariage, ou quelqu’autre chose semblable qui flatte la curiosité de la personne, & qui la fasse résoudre à regarder fixement. Autre pour l’amour.Ayez une bague d’or garnie d’un petit diamant, qui n’ait point été portée depuis qu’elle est sortie des mains de l’ouvrier, enveloppez-la d’un petit morceau d’étoffe de soie, & la portez durant neuf jours & neuf nuits, entre chemise & chair à l’opposition de votre c?ur. Le neuvieme jour, avant soleil levé, vous graverez avec un poinçon neuf en dedans de la bague ce mot, Scheva. Puis tacherez par quelque moyen d’avoir trois cheveux de la personne dont vous voulez être aimé, & vous les accomplerez avec trois des vôtres, en disant: ô corps, puisse-tu m’aimer, & que ton dessein réussisse aussi ardemment que le mien, par la vertu efficace de Scheva! Il faudra nouer ces cheveux en lacs d’amour, ensorte que la bague soit àpeu-près enlacée dans le milieu du lac; & l’ayant enveloppée dans l’étoffe de soie, vous la porterez derechef sur vorte c?ur autres six jours, & le septieme jour vous dégagerez la bague du lac d’amour, & ferez ensorte de la faire recevoir à la personne aimée: toute cette opération se doit faire avant le soleil levé & à jeun. Autre pour l’amour.Pour ne rien dire qui choque la bienséance, je ne copierai point ici ce que j’ai lu dans un très-habile médecin, touchant la vertu nompareille du sperme ou semence humaine pour induire à l’amour, d’autant que l’expérience ne s’en peut faire sans violenter la nature qui nous fournit assez d’autres moyens. Ayez donc plutôt recours à l’herbe que l’on nomme ennula campana, dont je donne ici la figure. Enula CampanaIl faut la cueillir à jeun la veille de la saint Jean au mois de juin avant soleil levé, la faire sécher, réduire en poudre avec de l’ambre gris; & l’ayant portée durant neuf jours sur votre c?ur, vous tacherez d’en faire avaler à la personne dont vous desirez d’être aimé, & l’effet suivra. Le c?ur d’hirindelle, de colombe, de passereau, mêlé avec le propre sang Contre l’ivresse du vin.Comme l’homme n’a rien de plus estimable que sa raison, et qu’il arrive souvent de la perdre par l’excès du vin, il est convenable de lui donner quelque préservatif pour s’en garantir. Quand vous serez convié à quelque repas, ou vous craindrez de succomber à la douce violence de Bacchus, vous boirez avant que de vous mettre à table deux cuillewrées d’eau de bétoine et une cuillerée de bonne huile d’olive, et vous pourrez boire du vin en toute sûreté. Vous prendrez garde le verre ou la tasse dans quoi on vous servira à boire ne sente point la sariette ou la rapure d’ongles, car ces deux ingrédients contribuent beaucoup à l’ivresse. Si l’on s’est laissé surprendre par le vin il faul, pour l’homme, qu’il enveloppe ses mains et ses pieds dans un linge qui soit imbibé de fort vinaigre, et que la femme qui a succombé à l’ivresse, mette un semblable linge sur ses seins: l’un et l’autre reviendront en leur bon sens. Pour rétablir le vin gâté.J’ai éprouvé plus de cent fois que le vin tourné se rétablit en la manière suivante: si c’est vers la saison des vendanges, et que le raisin commence à mûrir, vous en prendrez environ cent grosses grappes des plus mûres, vous ferez bien nettoyer un tonneau, dans lequel vous mettrez deux brassées de copeaux ou d’éclats de bons bois; vous arroserez ces éclats du jus de grappes de raisin, que vous passerez avec la main, et jetterez ensuite toutes les grappes sur les éclats, et ayant bien renfermé le tonneau et mis en place, vous tirerez à clair le vin tourné et le versesez sur ce rapé; il n’y aura pas resté trois jours, qu’il sera beau et bon à boire. Autre au même sujet.Vous ferez une décoction de fines herbes; savoir, une poignée de chacune des suivantes, marjolaine, thym, laurier, myrthe, baie de genièvre, deux pelures de citron et et autant d’orange; vous feriez bien bouillir cela dans vingt pintes d’eau, jusqu’à la réduction de quinze pintes ou environ, à proportion de la grandeur du tonneau que vous aurez fait nettoyer, pour recevoir votre vin tourné; vous laverez bien ledit tonneau avec la décoction toute bouillante, et l’en laisserez imbiber; puis vous y mettrez deux brassées de copeaux ou éclats, que vous arroserez aussi de cette décoction: vous tirerez le vin tourné à à [sic] claire, le laisserez reposer huit jours sur ce rapé de copeaux, et il deviendra meilleur qu’il n’était avant qu’il tournât. Autre au même sujet.J’ai appris d’un maître d’hôtel d’un prince allemand cette autre manière de raccommoder le vin troublé et gâté: il faut faire sécher au four cinquante grappes de bon raisin et un demi-boisseau de coquilles d’amandes douces, en sorte que ces coquilles soient un peu rissolées; pendant qu’elles s’accommodent au four il faut bien battre et fouetter ensemble douze blancs d’?ufs jusqu’à les réduire presqu’en écume, et les verser dans le tonneau où est le vin gâté, et le rouler pendant un petit espace de temps, puis vous jetez dedans les coquilles d’amandes et les raisins tout chauds, et le laissez reposer huit jours, et vous aurez de beau et de bon vin. Quand le vin est devenu aigre on le rétablit avec du blé, que l’on fait cuire jusqu’à ce qu’il crève; la mesure ou quantité est la centième partie que contient le tonneau. Pour faire promptement d’excellent vinaigre.Il faut de bon vin fort, dans lequel vous mettrez du poivre long et du levain de pain de seigle qui bien aigre: il n’aura pas été exposé six heures au grand soleil ou proche le feu, qu’il sera de bon usage. On peut faire du vinaigre sans vin en cette manière: ayez la charge d’un cheval de poires sauvages, pilez-les bien, et les laissez fermenter durant trois jours dans un tonneau; puis, durant trente jours, vous les arroserez de deux pots d’eau par jour, dans laquelle eau vous aurez fait bouillir du gingembre et du poivre long; au bout de trente jours vous presserez les poires pilées, et vous aurez de bon vinaigre. Pour faire des vins de liquers.…. Pour faire en peu de temps de l’hypocras qui soit excellent.Pour quatre pintes de vin vous préparerez les drogues qui suivent: une livre de bon sucre fin, deux onces de bonne canelle concassée grossièrement, une once de graine de paradis, autant de cardamomum, et deux grains d’ambre gris du plus exquis, broyée au mortier avec du sucre candi; vous ferez de toutes ces drogues un sirop clair, que vous purifierez en le passant deux ou trois fois à l’étamine, et vous mélangerez ledit sirop avec quatre pintes d’excellent vin, et vous en aurez le meilleur hypocras que l’on puisse boire. …. Pour avoir des melons doux, sucrés et de bonne odeur.Vour aurez la semence de melon de bonne espèce, vous la mettrez infuser durant deux jours dans un sirop qui sera composé de framboises, de canelle, de cardamomum, de deux grains de musc et autant d’ambre gris; il faut que le sirop ne soit pas épais et tiède quand vous y mettrez la semence en infusion; il faut que la terre où vous sèmerez soit bien préparée, sur une couche de bon funier de cheval, et avoir grand soin de ne les point trop arroser et de les garantir des pluies trop abondantes. Si vous êtes exact à toutes ces choses, vous aurez des melons dignes de la bouche d’un roi. Pour avoir de beau raisins murs au printemps.Il faut avoir un cerisier qui soit planté en espalier, dans une bonne exposition au soleil et en bon terroir, et qu’un habile jardinier ente dextrement deux ou trois ceps de bonne vigne sur ledit cerisier; qu’on ait grand soin de le garantir des intempéries de la fin de l’hiver et du printemps; qu’on ne lui ne lui épargne ni le bon fumier, ni l’eau quand il sera nécessaire, et on verra quelque chose de bien merveilleux au temps que les cerises seront mûres. Pour faire croître et multiplier le froment.Vous prendrez une livre de sel végétal, qui est composé artistement de fleur de soufre, de salpêtre et de nitre; les bons droguistes ont ce sel: vous le ferez bouillir dans six pintes d’eau, avec deux livres de bon froment nouveau, jusqu’à ce que le froment commence à se crever, puis vous passerez cette composition dans un linge fort clair, et vous ferez rendre au froment cuit toute l’humidité; après vous ferez infuser dans cette liqueur autant que vous pourrez de bon froment durant vingt-quatre heures; quand la terre sera bien préparée, vous y sèmerez ce froment infusé, et ayant fait sécher le marc de la composition, vous le pulvériserez et rejeterez sur cette terre, et vous verrez, par expérience, que le blé que vous aurez ainsi semé produira vingt fois autant que le blé commun: il est vrai qu’il ne faudrait pas faire cela deux fois de suite dans la même terre; car il en consume tellement la graisse, qu’elle ne peut plus rapporter si elle n’est bien fumée. Pour empêcher les semailles et moissons d’être gâtées par les bêtes.Vous aurez dix grosses écrevisses, que vous mettrez dans un vaisseau rempli d’eau, et les exposerez au soleil durant dix jours, puis vous aspergerez avec cette eau les semailles l’espace de huit jours; et quand elle seront crucs, vous les aspergerez huit autres jours de suite, et vous verrez qu’elles prospéreront à merveille, et qu’aucunes bêtes, soit rats, belettes ou autres, n’en pourront approcher. Pour savoir si les semences seront abondantes l’année prochaine.ZOROASTRE donne comme un secret infaillible, pour connaître l’abondance de la moisson pour l’année suivante, de faire ce qui suit. Il faut, environ le quinzième du mois de juin, préparer un petit canton de terre, à la manière qu’on la prépare ordinairement pour être ensemencée: vous y semerez toutes sortes de semence, et à cause que, dans cette saison, la chaleur est brûlante et pourrait nuire à ce que la semence germe et sorte plus commodément, vous observerez après cela laquelle des semences sera la mieux venue, et aura la plus belle apparence dans le temps que la canicule commence à régner sur l’horison; car vous serez averti par cet indice que l’abondance sera la semence qui sera la mieux venue, et celles qui n’auront pas profité par la préparation que vous aurez faite seront stériles. Ainsi le judicieux laboureur prendra sur cela ses mesures pour avoir une abondante moisson. Autre pour le même sujet.Vous observerez au printemps dans quel état sont les noyers: car s’ils paraissent chargés de feuillages avec peu de fleurs, soyez assuré que la nature sera avare dans la distribution de ses richesses; si au contraire vous voyez grande abondance de fleurs sur les noyers, et que la quantité surpasse celle des feuilles, tirez en augure de fertilité: les anciens ont fait le même pronostic de l’amandier. …. chées; racine de gentiane, de dictamum blanc, de la petite & grande fortelle ou sa racine, de la tormentille, de la rhubarbe, du bol d’Arménie, préparé, de bonne thériaque & un peu d’émeraude pulvérisée. Vous exposerez tout cela au soleil durant les jours caniculaires, aprés avoir bien bouché le bocal, & enfin vous le mettrez en digestion, durant trois mois, dans du fumier chaud; & après ce tems vous passerez cette composition dans un couloir, & la garderez précieusement dans un vase d’étain ou de verre fort, pour vous en servir. L’usage est de s’en frotter autour du c?ur, aux tempes, aux narines, flancs & au long de l’épine du dos, & vous éprouverez que c’est un antidote contre toutes sortes de venins. Il est bon aussi pour guérir les morsures des bêtes venimeuses.
FIGURES DES SEPT PLANÈTESFigures des TalismansLes talismans de Paracelse.La grande réputation que Paracelse s’est acquise dans le monde par sa profonde science, donne beaucoup d’autorité à ce qu’il a laissé par écrit. Il assure, comme une chose indubitable, que si l’on fait des talismans suivant la méthode qu’il en donne, ils produiront des effets qui surprendront ceux qui en feront l’expérience; & c’est ce que j’ai éprouvé moi-même avec grande admiration & un très-heureux succès. Voici donc de quelle maniere il en parle dans son archidoxe magique. Personne ne peut, sans témérité, révoquer en doute que les astres & planetes célestes n’aient des influences dominantes sur tout ce qui est dans ce bas univers; car puisque l’on voit & que l’on éprouve sensiblement que les planetes dominent, par leurs influences sur l’homme, qui est l’image de Dieu & avantagé de la raison; à combien plus forte raison doit-on croire qu’elles dominent & influent sur les métaux, sur les pierres, & sur tout ce que la nature & l’art peuvent produire; puisque toutes ces choses sont moindres que l’homme, & plus propres à recevoir, sans résistance, leurs influences étant privées de la raison & libre arbitre, & que l’homme a cet avantage qu’il peut se servit de ces choses materielles, pour attirer en sa faveur les influences des astres. Mais ce qui est digne d’être su & bien remarqué, cx’est que les sept planetes n’influent jamais plus efficacement que par l’entremise des sept métaux qui leur sont propres, c’est-à-dire, qui ont de la sympathie avec leur substance; & à ce sujet les sages cabalistes ayant connu par la sublime pénétration de leurs sciences, quels sont les métaux propres aux planetes, ils ont déterminé l’or pour le Soleil, au jour du dimanche, l’argent pour la Lune, au lundi, le fer pour Mars, au mardi, le-vif-argent pour Mercure, au mercredi, l’étain pour Jupiter, au jeudi, le cuivre ou l’airain pour Vénus, au vendredi, & le plomb pour Saturne, au samedi. Sur ce fondement, nous donnerons ici la maniere de faire des talismans, que les anciens sages ont appellés les sceaux des planetes. Talisman en sceau du Soleil.
[Compare with version in Agrippa:]
Talisman au sceau de la LuneCe talisman doit être composé avec le plus pur argent que l’on pourra trouver, dont on fera une plaque ronde. bien polie; & d’une côté l’on gravera neuf lignes de chiffres, dont chacune contiendra le nombre mystérieux de trois cent soixante-neuf, comme il est respésenté ci-après dans le quarré suivant; de l’autre côté de la plaque, on imprimera l’image hiéroglyfique de la planete, qui sera une femme revêtue d’une robe ample & large, ayant les deux pieds sur le milieu d’un croissant dans sa main droite, & une brilliante étoile sur sa téte, avec ce mot, Lune. L’opération se doit faire un lundi du printems, lorsque l’on aura au premier degré du Capricorne ou de virgo un aspect favorable de Jupiter ou de Vénus. Il faudra aussi envelopper le talisman dans un linge blanc; & il sera grandement utile pour garantir des maladies populaires; il préservera les voyageurs des périls & des insultes des voleurs; il sera favporable aux laboureurs & aux négocians. Talisman ou sceau de Mars.
Ce talisman doit être formé sur une plaque ronde & polie, du meilleur fer de Carinthie, les nombres mystérieux seront soixante-cinq; & de l’autre côté de la plaque on formera la figure hiéroglyfique de la planete, qui représentera un soldat armé, tenant de la main gauche un bouclier, & de la droite une épée nue, ayant une étoile sur sa tête, avec le nom de Mars. Il faut que les insrumens qui serviront à imprimer ce talisman, soient de bon acier trempé, & que l’impression se fasse dans le moment que l’on aura observé que la Lune étant un aspect bénin avec quelqu’autre planete favorable, entre au premier degré du signe du bélier ou du sagittaire; & il sera même bon que la plaque du talisman soit mise au fourneau ardent, afin qu’elle soit plus propre à recevoir la gravure des figures mystérieuses: & quand elle sera refroidie, on l’enveloppera dans un morceau de taffetas rouge. Ce talisman aura la propriété de rendre invulnérable delui qui le le portera avec révérence; il lui donnera une force & une vigueur extraordinaire; il sera vainqueur dans les combats où il assistera. La planete de Mars influe si merveilleusement sur ce talisman, quand il est fait avec exactitude, que si on l’enterre dans les fondemens d’une forteresse, elle devient inexpugnable, & ceux qui en veulent entreprendre l’attaque, sont mis facilement en déroute. Et si on le fabrique lorsque la constellation de Mars est en opposition avec les planetes favorables & rétrogrades, il porte malheur par-tout où on le met, & il y cause des dissentions, des révoltes & des guerres intestines; je sais qu’un grand homme d’état en fit porter un semblable en Angleterre, au tems de la révolution de Cromwel. Talisman de Mercure au mercredi.Ce talisman doit être formé sur une plaque ronde de mercure fixé, (je donnerai ci-après la maniere de fixer le mercure pour les talismans, comme je l’ai éprouvé moi-même.) Quand la plaque est faite & polie, on imprime avec les ferremens sur un des côtés, le nombre mystérieux de deux cent soixante, distribué en huit lignes, comme on le voit ici représenté.
Et de l’autre côté de la plaque on imprimera la figure hiéroglyfique de la planere de Mercure, qui représentera un ange, ayant des aîles sur le dos & à ses talons, tenant dans la main droite un caducée en forme de sceptre, & une étoile sur sa tête, avec le nom de Mercure. Il faudre faire l’impression des figures au moment favorable de la constellation, comme on aura observé, avant que de commencer l’entreprise. Et quand elle sera achevée, on enveloppera le talisman dans un morceau d’étoffe de soie de couleur de pourpre. Ce talisman aura la propriété de rendre discret & éloquent celui qui le portera avec révérence, & le disposer admirablement à être savant en toutes sortes de sciences; & si on fait infuser ce talisman seulement une heure dans un verre de malvoisie, il rend la mémoire si heureuse, qu’on reient tout avec facilité; il peut même guérir toutes sortes de fievres; & si on le met sous le chevet du lit, il procure des songes véritables, dans lesquels on voit ce que l’on souhaite de savoir. Talisman de Jupiter.
Ce talisman doit être formé sur une plaque ronde, du plus pur étain d’Angleterre; onj imprimera sur un des côtés le nombre mystérieux de la planete, qui est trente-quatre distribué en quatre lignes, comme on en voit ici la disposition. Et de l’autre côté de la plaque on imprimera la figure hiéroglyfique de la planete, qui sera un homme vêtu en ecclésiastique, tenant entre ses mains un livre, dans lequel il semble lire, & au-dessus de sa tête une étoile brillante, avec ce mot, Jupiter. On commencera à imprimer les mystérieuses figures sur la plaque, avec les fers, au moment que l’on observe que la constellation de la planete sera favorable, la Lune faisant son entrée dans le premier degré du signe de la Balance, Jupiter en bon aspect avec le Soleil; l’opération étant finie, on enveloppera le talisman dans un morceau d’étoffe de soie couleur de bleu céleste. Ce talisman procurera à ceux qui le porteront révérement l’amour & la bienveillance de ceux que l’on souhaitera. Il aura la vertu de multiplier & augmenter les choses [72] avec lesquelles on l’enveloppera. Il rendra fortuné dans le négoce, dans le commerce & dans toutes les entreprises; il dissipera les chagrins, les soins importuns & les terreurs paniques. Talisman de Vénus, au vendredi.Ce talisman doit être formé sur une plaque ronde de cuivre bien purifié & poli. On imprimera sur un de ses côtés le nombre mystérieux de cent septante cinq, distribué en sept lignes, comme il est ici marqué.
Et de l’autre côté de la plaque on imprimera la figure hiéroglyfique de la planete, qui sera une femme lascivement vêtu, ayant proche de sa cuisse droite un cupidon tenant un arc & une fleche enflammée, & la femme tiendra dans sa main gauche un instrument de musique, comme une guittare, & au-dessus de sa tête une étoile brillante, avec ce mot, Vénus. L’impression se sera avec les fers, dans le moment que l’on aura prévuque la constellation de Vénus sera en bon aspect avec quelque planete favorable, la Lune étant entrée au premier degré du signe du Taureau ou de virgo. L’opération étant finie, vous envelopperez le talisman dans un morceau d’étoffe de soie verte. Et celui qui portera avec révérence ce talisman, peut s’assurer d’avoie les bonnes graces de tous ceux qu’il souhaitera, & d’être aimé ardemment, tant des femmes que des hommes. Il a aussi la vertu de réconcilier les inimitiés mortelles, en faisant boire quelque liquer dans laquelle il aura été mis; de manier que l’on devient intime ami; il rend aussi industrieux & fort habile en l’art de musique. Talisman de Saturne, au samedi.Ce talisman doit être formé sur une plaque ronde, de plomb bien affiné & purifié, & on imprimera sur l’un des deux côtés le nombre mystérieux de quinze distribué en lignes, suivant la disposition que l’on voit ici.
Et de l’autre côté de la plaque, on imprimera la figure hiéroglyfique de la planete, qui sera un vieillard barbu, tenant en main une espece de pioche, en posture d’un homme qui fouit la terre, & au-dessus de sa tête une étoile, avec ce mot, Saturne. On commencera l’impression des figures mystérieuses avec les ferremens au moment que l’on aura prévu que la constellation de Saturne est en aspect favorable, la Lune entrant dans le premier degré du signe du Taureau ou du Capricorne. Et quand l’opération sera finie, vous anvelopperez le talisman dans un morceau d’étoffe de soie noire. Ce talisman est d’un grand secours, premiérement, pour les femmes qui sont en mal d’enfantement, car elles n’y souffrent presque point de douleur; c’est ce qui a été éprouvé plusieurs fois, avec un heureux succès, par des personnes de qualité, qui étoient sujettes à faire de mauvaises couches. Il multiplie aussi & augmente les choses avec lesquelles on le met. Si un cavalier le porte dans sa botte gauche, son cheval ne pourra être aucunement blessé. Il a tous les effets contraires à ceux-ci, lorsqu’on le forme dans le tems que la constellation de Saturne est dans une situation funeste, & la Lune rétrograde dans les signes susdits. On le peut faire sur une plaque d’étain fin & bien purifié, au jour & heur de Jupiter; le thême du ciel étant dans une heureuse situation, on y formera d’un côté la figure de la fortune, comme elle est ici représentée, & de l’autre côté ces paroles, en gros caractere: OMOUSIN ALBOMATATOS Et si l’on est plusieurs jours à travailler avant que d’arriver à l’endroit où est le trésor, on renouvellera chaque jour le parfum qui sera propre au jour, comme nous l’avons expliqué ci-devant; ces précautions seront cause que les Gnomes, gardiens du trésor, ne seront point nuisibles, & même vous aideront dans vos entreprises; c’est une preuve dont j’ai été témoin oculaire, avec un heureux succès, dans le vieux château d’Orviete. J’ai parlé ci-devant des indices naturels, par lesquels on peut faire la découverte des trésors, & je m’explique plus nettement. Paracelse, dans son traité de la philosophie occulte, page 489, dit que pour avoir des indice certains de lieux où il y a des trésors & des richesses cachées, il faut observer les endroits où durant la nuit des spectres ou fantômes apparoissent, ou qualqu’autre chose extraordinaire qui épouvante les passans & ceux qui habitent dans ces lieux, & particuliérement la nuit du vendredi au samedi. Si l’on y voit des feux volans, des tumultes & des fracas, ou qualqu’autre chose semblable, on peut former une conjecture raisonnable, qu’il y a dans ces lieux quelque trésor caché. Mais l’homme prudent n’en demeurera pas là; il faut se donner de garde d’être surpris par le rapport d’autrui, & sur-tout de certaines gueusailles, ou petites femmelettes, qui, sur des visions chimériques, engagent les honnêtes gens à des recherches inutiles: il ne faut donc s’engager dans ces sortes de recherches, que sur le témoignage de gens qui ne soient point suspects, c’est-à-dire, qui aient de la probité, & qui soient d’un esprit solide; & il sera encore plus sur d’expérimenter par soi-même ces sortes de visions, en faisant résidence sur les lieux. Il ne faut pourtant pas absolument rebuter ceux qui nous font ces sortes de rapports, mais en examiner prudemment les circonstances, car je suis témoin que, si on avoir voulu croire Philippe d’Ortano, chirurgien-major de la petite garnison du vieux château d’Orviete, on auroit négligé l’entreprise que l’on poussa à boit avec un heureux succès; car, comme il étoit grand parleur, & assez persuasif dans ce qu’il disoit, il tournoit en ridicule ce que l’on rapportoit des apparitions que plusieurs domestiques & soldats avoient eues dans le lieu où le trésor fut trouvé. Celui qui voudra s’appliquer à la recherche d’un trésor prétendu caché, doit examiner la qualité du lieu, nonseulement par la situation présente de ce lieu, mais par rapport à ce que les anciennes histoires en disent; car on doit remarquer qu’il y a de deux sortes de trésors cachés. La premiere sorte est de l’or & de l’argent, qui a été sormé dans les entrailles de la terre, par la vertu métallique des astres & du terrein où il est. La second sorte est de l’or & de l’argent monnoyé ou mis en ?uvre d’orfévrerie, & qui a été déposé en terre pour diverses raisons, comme de guerres, de pestes & autres; & c’est ce que le sage rechercheur de trésors doit examiner, en considérant si ces circonstances conviennent au lieu dont il est question. Ces sortes de trésors d’or, d’argent monnoyé, & de vaisselle d’orfévrerie se trouvent ordinairement dans les débris & masures des anciennes maisons de qualité & châteaux, ou proche de vieilles églises ou chapelles ruinées. Et les Gnomes ne prennent point possession de ces sortes de trésors, si ce n’est que volontairement ceux qui les déposent & enfouissent dans les lieux souterreins ne les y invitent que par la vertu des parfums & talismans faits à ce sujet; & en cette conjecture, il faut les en déposséder par de plus forts parfums & talismans, comme nous avons dit; ceux que l’on forme sous les auspices de la Lune & de Saturne, la Lune entrant dans les signes du Taureau, du Capricorne ou de la Vierge, sont les plus efficaces. Il faut sur-tout que ceux qui sont occupés à cette recherche ne s’épouvantent pas; car il ne manque pas d’arriver assez ordinairement que les Gnomes, gardiens des trésors, fascinent l’imagination des travailleurs, par des représentations & visions hideuses; mais ce sont des contes de bonnes gens du tems passé, de dire qu’ils étranglent ou tuent ceux qui approchent des trésors qui sont en leur garde, & si quelques-uns sont morts dans les cavités souterreines, en faisant la recherche, cela est peut-être arrivé, ou par l’infection de ces lieux, ou par l’imprudence des travailleurs, qui n’appuient pas solidement les endroits qu’ils creusent, quand ils sont ensévelis sous les ruines. C’est un badinage de dire qu’il faut garder un profond silence en creusant: au contraire, c’est le moyen de s’épouvanter plus facilement par les imaginations fantastiques; on peut donc sans scrupule parler de choses indifférentes, ou même chanter, pourvu qu’on ne dise rien de dissolu & d’impur, qui puisse irriter les esprits. Si, en avançant le travail, on entend plus de bruit qu’auparavant, que l’on ne s’épouvante pas, mais que l’on redouble les parfums, & que quelqu’un de la compagnie récite à haute voix l’oraison des Salamandres que j’ai donnée ci-devant, & ce sera le moyen d’empêcher que les esprits n’emportent plus loin le trésor, se rendant attentifs aux mystérieuses paroles que l’on récitera, & pour lord on doit redoubler vigoureusement le travail: je ne dis rien qui n’ait été éprouvé en ma présence avec succès; le petit livre de l’Enchiridion est bon dans ces occasions, & cause de ses mystérieuses oraisons. Il est arrivé qualquefois que les Gnomes ont transmué les métaux précieux en des matieres viles & abjectes, & ont trompé les ignorans qui n’étoient pas informés de leurs subtilités: mais le sage & prudent fossoyeur, qui trouvera dans les entrailles de la terre de ces sortes de matieres, qui naturellement n’y doivent pas être, les recueillera & les éprouvera au feu, composé de bois de laurier, de fougere & de verveine; le charme se dissipant par ce moyen, les métaux retourneront en leur premiere nature; un signe assez ordinaire de ces transmutations fantastiques, c’est lorsque l’on trouve ces matieres viles & sordides dans des vaisseaux, ou de terre cuite, ou de pierre taillée, ou d’airain; & pour lors il ne faut pas les négliger, mais les éprouver au feu, comme je viens de dire. Je finirai sur cette matiere avec le secret que donne Cardan pour connoître si le trésor est dans un lieu où l’on creuse. Il dit qu’il faut avoir une grosse chandelle, composée de suif humain, & qu’elle soit enclavée dans un morceau de bois de coudrier, fait en la maniere qui est représentée dans la maniere suivante; & si la chandelle étant allumée dans le lieu souterrein, y fait beaucoup de bruit en pétillant avec éclat, c’est une marque qu’il y a un trésor en ce lieu; & plus on approchera du trésor, plus la chandelle pétillera, & enfin elle s’éteindra quand on sera tout-à-fait proche; il faut avoir d’autres chandelles dans des lanternes, afin de ne pas demeurer sans lumiere. Quand on a des raisons solides pour croire que ce sont des esprits des hommes désuns qui gardent les trésors, il est bon d’avoir des cierges bénis au lieu de chandelles communes, & les conjurer de la part de Dieu, de déclarer si l’on peut faire qualque chose pour les mettre en lieu de bon repos; & il ne faudra jamais manquer d’exécuter ce qu’ils auront demandé. Tromperie de la mandragore artificielle.IL y a des suborneurs de peuple qui, abusant de la crédulité & simplicité des bonnes gens, se mettent en grand crédit par des tours de souplesse, qui en apparence ont quelque chose de surnaturel: de ce genre est la mandragore artificielle, avec laquelle ils contrefont les oracles divins. Comme je passois par Lille en Flandre, je fus invité, par un de mes amis à l’accompagner chez une vieille femme qui se mêloit de ce badinage, & qui passoit pour une grande devineresse, et je decouvris sa fourberie, qui ne pouvait être longtemps cachée. Cette vieille nous conduisit d’une lampe, à la lueur de laquelle on voyait, sur une table couverte d’une nappe, une espèce de petite statue ou poupée assise sur un trépied, ayant le bras gauche étendu, tenant de la main gauche une petite cordelette de soie fort déliée, au bout de laquelle pendait une petite mouche de fer bien poli, et au-dessous il y avait un verre de fougère, ensorte que la mouche pendait dans le verre environ la hauteur de deux doigts. Et le mystère de la veille consistait à commander à la mandragore de frapper la mouche contre le verre, pour rendre témoignage de ce que l’on voulait savoir. La vieille disait, par exemple: je te commande, mandragore, au nom de celui à qui tu dois obeïr, que, si monsieur un tel doit être heureux dans le voyage qu’il va faire, tu fasses frapper la mouche trois fois contre le verre; et en disant les dernières paroles, elle approchait sa main à une petite distance, empoignant un petit bâton qui soutenait sa main élevée à peu près à la hauteur de la mouche suspendue, qui ne manquait point de frapper les trois coups contre le verre, quoique la vieille ne touchât en aucune façon à la statue, ni à la cordelette, ni à la mouche; ce qui étonnait ceux qui ne savaient pas la supercherie dont elle usait: et afin de duper les gens par la diversité de ses oracles, elle défendait à la mandragore de faire frapper la mouche contre le verre, si telle ou telle chose devait ou ne devait pas arriver: par exemple, je te défens, mandragore, au nom de celui à qui tu dois obéir, que tu ne fasses point frapper la mouche contre le verre, si monsieur un tel doit mourir avant sa femme; et mettant la main en la même posture que j’ai dit, la mouche ne frappait point contre le verre. Voici en quoi consistait tout l’artifice de la vieille, dont je m’aperçus, après l’avoir examiné un peu attentivement: la mouche de fer, qui était suspendue dans le verre au bout de la cordelette de soie, étant fort légère et bien aimanté, quand la vieille voulait qu’elle frappât contre le verre, elle mettait à un de ses doigts une bague, dans laquelle était enchâssé un assez gros morceau d’excellent aimant de manière que la vertu magnétique de la pierre mettait en mouvement la mouche aimantée, et lui faisait frapper autant de coups qu’elle voulait contre le verre; et lorsqu’elle voulait que la mouche ne frappât plus, elle ôtait de son doigt la bague sans qu’on s’en aperçut. Ceux qui étaient d’intelligence avec elle, et qui lui attiraient des pratiques, avaient soin de s’informer adroitement des affaires de ceux qu’ils lui amenaient, et ainsi on était facilement dupé. …
Autre au même sujet.Si vous voulez que tous ceux qui seront dans unr chambre paroissent en forme de grands éléphans ou de chevaux, vous ferez un parfum en cette maniere. Il faut broyer de l’alkekenge avec de la graisse de dauphin, & en former de petits grains, de la grosseur de grains de citron; puis vous aurez de la fiente d’une vache qui ne nourrisse point de veau; vous ferez bien sécher cette fiente, ensorte qu’on puisse en faire du feu, & vous aurez le divertissement que vous souhaiterez, pourvu que la chambre soit si bien close, que la fumée n’en puisse sortir que par la porte. Autre au même sujet.Pour faire paroître une chambre pleine de serpens & d’autres figures qui donnent de la terreur, vous y allumerez une lampe qui soit garnie de ce qui suit. Prenez de la graisse d’un serpent noir, avec la derniere peau qu’il aura quitté; vous ferez bouillir cette graisse & cette peau avec de la verveine, dans un chauderon où vous aurez mis deux pots d’eau de forge, & au bout d’un quart-d’heure vous tirerez le chauderon de dessus le feu, & vous coulerez cette composition dans un morceau de linceul qui air servi à un mort; vous laisserez refroidir la composition; & vous ôterez avec une cuiller la graisse qui sera congelée sur l’eau; puis vous ferez un lumignon avec des fils de linceul mortuaire; & ayant mis dans le fond de la lampe la peau bouillie du serpent, vous assurerez le lumignon avec la graisse; & quand la lampe sera allumée avec de l’huile d’ambre, vous aurez un spectacle hideaux de serpens, qui épouvanteront ceux qui ne sauront pas le secret de cette lampe. Autre au même sujet.J’ai éprouvé en Flandre l’effet d’une lampe pour délivrer de l’importun croassement des grenouilles, & pour leur imposer subitement silence; c’étoit dans le château du sieur Tillemont, dont les fossés étoient si remplis de ces criards insectes, que l’on avoit peine à reposer la nuit. Nous fimes sondre de la cire blanche au soleil avec de la graisse de crocodile qui est à-peu-près comme l’huile de baleine; & je crois même que cette huile auroit le même effet que la graisse de crocodile qui est assez rare en ce pays. Nous garnîmes une lampe de cette composition avec un assez gros lumignon, & elle ne fut pas si-tôt allumée & posée sur le bord du fossé, que les grenouilles cesserent leur croassement. De la maine de gloire dont se servent les scélérats voleurs, pour entrer dans les maisons de nuit sans empêchement.
J’avoue que je n’a jamais éprouvé le secret de la main de gloire; mais j’ai assisté trois fois au jugement définitif de certains scélérats qui confesserent à la torture s’être servis de la main de gloire dans les vols qu’ils avoient faits; & comme dans l’interrogatoire on leur demanda ce que c’étoit, & comment ils l’avoient eue, & quel en étoit l’usage, ils répondirent, premiérement, que l’usage de la main de gloire étoit de stupéfier & rendre immobiles ceux à qui on la présentoit, ensorte qu’ils ne pouvoient non plus branler que s’ils étoient morts; secondement, que c’étoit la main d’un pendu; troisiémement, qu’il falloit la préparer de la maniére suivante. On prend la main droite ou la gauche d’un pendu exposé sur les grands chemins; on l’enveloppe dans un morceau de drap mortuaire, dans lequel on la presse bien pour lui faire rendre le peu de sang qui pourroit être resté; puis on la met dans un vase de terre avec du zimat, du salpêtre, du sel & du poivre long, le tout bien pulvérisé: on la laisse durant quinze jours dans ce pot; puis l’ayant tirée on l’expose au grand soleil de la canicule, jusqu’à ce qu’elle soit devenue bien séche; & si le soleil ne suffit pas, on la met dans un four qui soit chauffé avec de la fougere & de la verveine; puis l’on compose une espece de chandelle avec de la graisse de pendu, de la cire vierge & du sisame de Laponie, & l’on se sert de cette main de gloire comme d’un chandelier, pour y tenir cette chandelle allumée; & dans tous les lieux où l’on va avec ce funeste instrument, ceux qui y sont demeurent immobiles; & sur ce qu’on leur demanda, s’il n’y avoit point de remede pour ce garantir de ce prestige, ils dirent que la main de gloire devenoit sans effet, & que les voleurs ne pourroient s’en servir si on frottoit le seuil de la porte de la maison, ou les autres endroits par oû ils peuvent entrer, avec un onguent composé de siel de chat noir, de graisse de poule blanche & du sang de chouette, & qu’il falloit que cette confection fût faite dans la temps de la canicule. Autre pour rendre un homme ou femme insensible à la torture, ensorte qu’on ne pourra rien tirer de leur confession.A propos de ce que je viens de dire de la déclaration que les scélérats avoient faite étant exposés à la gêne, je rapporterai par le détail de ce que
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